Léo Ferré
MALEDETTO, LEO
La poésie crevait dans la fange à cocktail
Et la chanson bramait de vagues inepties
Le spectateur-mouton avait l'âme en sommeil
je sais bien : tu vas dir' qu'c'est du kif aujourd'hui
Mais toi tu t'es pointé du pays du soleil
Sous des tonnes d'idées et ton Pleyel d'amour
Et ta voix comme un cri pour sonner le
rappel
Des chantres de la nuit en costard de velours
Maledetto, Léo, Maledetto !
T'es venu du soleil nous fair' chialer Ostende
La maffia de tout poil tremble quand t'es devant
le micro mal-pensant qui te tient lieu d'offrande
Et que tu souffles un vent à bouffer les tyrans
T'as du sang dans la voix et des mains de tendresse
Et cela tourbillonne au mitan des couplets
Quand çà vient se mêler aux musique(s) en ivresse
Sous les projos du Diable à bercer les damnés
Maledetto, Léo, Maledetto !
T'es venu dans la Neuille éclairer les copains
Qui se retrouve(nt) en toi par les soirées d'ennui
Quand tu vois des chevaux auxquels tu tends la main
Dans un enfer pavé de noire poésie
T'es pas sous la Coupole à jouer aux assis
T'as des yeux de révolte armées
de solitude
comme les animaux compagnons des maudits
Quand tu chantes la vie mourant d'incertitudes
Maledetto, Léo, Maledetto !
si tu t'en vas un jour au bout des horizons
Vers l'âge d'or brodé au point de Baudelaire
Y' aura des chiens perdus pour gueuler tes chansons
Sur les pianos du ciel et l'orgue de la mer...
Maledetto, Léo, Maledetto !
Cette superbe chanson a été écrite
par Joan-Pau VERDIER
en 1974.
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