Le Corbeau La Cloîtrée Le Corbeau La Cloîtrée Le Corbeau La Cloîtrée Le Corbeau La Cloîtrée Le Corbeau La Cloîtrée Le Corbeau La Cloîtrée
Sous nos jupes, il y a le monde que nous
inventons et dont nous nous servons, le Nuit, pour le surprendre et le battre.
Le jour, nous prions. La Nuit, nous inventons.
Le Corbeau La Cloîtrée Le Corbeau La cloîtrée Je suis un univers, Monsieur,
vous aussi. Nous sommes des bulles vacantes dans la pensée des chiffres
qui s'ennuient.
Le Corbeau Le Greffier La Cloîtrée Le Corbeau La Cloîtrée
Il fait toujours nuit, chez moi, Monsieur.
Dans le soir je m'absente. Le jour est une faute de goût de l'astronomie.
Bien sûr, il y a les fleurs, les fruits, cette éternelle vibration
de la lumière qui vous étonne et qui m'ennuie. Que vienne
la galaxie de l'évidence, celle qui nous apprendra le langage du
Rien.
Le Corbeau La Cloîtrée
Alors…ma Sœur ? C'est comme ça qu'on dit ?
J'ai demandé à être libérée pour venir
témoigner en faveur de la Nuit. Comment on m'appelle ? Je m'en fous.
Ah !
Je sais très bien que vous ne pouvez pas supprimer la Nuit. Je sais
que vous envisageriez volontiers de le faire, mais… Ce seul fait d'imaginer
une chose pareille me défait, m'insupporte, même si cela devait
me libérer de mon mal.
Quel mal, Madame ?
Cette machinerie interne qui nous fait les complices du mal, de l'infortune.
Du passé qui nous remonte, de tous vos passés qui nous remontent
comme des chants antiques et inécoutables.
Expliquez-vous, madame. Parlez-nous de la Nuit et de tout ce monde que vous
nous laissez entrevoir et dont nous n'avons aucune idée, même
le jour.
La Nuit, Monsieur, c'est notre fortune à nous, les emprisonnées,
les irrécupérées, les fabuleuses dames du noir et de
la déraison bien arrangée, avec le lit carré, les lumières
éteintes et le souci de n'être jamais que des alarmes bien
construites et sous des linges qu'on ne peut montrer puisqu'ils ne cachent
que l'idée que l'on se fait de nous, et de nos problèmes qui
sont aussi les vôtres et dont vous prenez bien garde d'y accorder
vos guitares civiles, malgré le sens de la pratique courante du laisser-aller,
et des orages de raison qui ressemblent à s'y méprendre aux
oraisons de la mort lente. Nous vivons la mort et par delà le cynisme
de cette vertu particulière, nous avons la chance de nous confondre
avec la morale courante et imbécile.
Je ne comprends rien, Madame. Qu'est-ce que vous appelez la morale courante
et imbécile ? C'est un peu la vôtre aussi avec ses sortilèges
appris dans les bars, dans les rues des villes, la Nuit bien sûr,
alors que certaines femmes ont le pouvoir de nous raconter des histoires
qui nous embarrassent au point de les chasser de nos pensées parce
que c'est la coutume, non ?
La coutume… Sous nos jupes noires, amples et longues, Monsieur, tout
le monde se transforme et devient la clef de voûte de notre commisération,
de notre dédain…
De vos envies aussi. Qu'est-ce donc qu'il se passe sous vos jupes entravées,
il faut bien le dire, malgré que vous les prétendiez amples
?
Quoi ? Madame… vous inventez quoi ?
La Vie avec ses valeurs éternelles. J'ai dans ma culottes le chiffre
exact de vos béatitudes et quand je me couche, je pars en vacances
dans vos pensées, au fond de vos rêves longitudinaux ou excentriques,
cela dépend de la valeur que vous attribuer à la géométrie
du sexe. Le sexe est une figure qu'il faut savoir traiter comme telle, et
ne pas s'embarrasser du vertige, de la foi trahie et de l'intolérable
faculté que nous avons de le vêtir d'irrévérences,
d'insomnies jouées et calculées.
Pourquoi " calculées " ?
Parce que la pensée se mêlant au sexe, cela fait l'érotisme
bafoué… Alors que l'érotisme est un don de Dieu, une
bribe de ce qu'il y a vraiment derrière les étoiles et tout
ce fatras d'ignorance astrologique qui ne sait pas qu'il se passe vraiment
du côté de l'Univers clos et introuvable.
Vraiment je ne comprends rien, mais rien, Greffier ?
Miaou ! Miaou !
Et voilà ! nous en revenons toujours à ce point précis,
Monsieur : un cri, une plainte, un système de défense orale
qui embouteille notre circulation, comme dans la rue, oui, avec toujours
des parallèles qui jouent à se défendrent de ne pouvoir
jamais se rencontrer. La nuit, je vous invente. J'ai mille amants qui me
congèlent et que je presse comme des oranges ou comme un devoir à
terminer et à rendre indemne de nos rescousses et de ces chants lointains
que nous prenons pour des antiennes et qui ne sont que des musiques malheureuses
sur vos propos courants et sans objet.
Toutes ces pensées, grâce à la Nuit ?
Vous voulez dire le " néant " ?
Non, le néant ça ne peut se parler, le Rien est une formule
enfantine et je suis une enfant.