Léo Ferré
ALLENDE
Ne plus écrire
enfin attendre le signal
Celui qui sonnera doublé de mille octaves
Quand passeront au vert les morales suaves
Quand le bien peignera la crinière du Mal
Quand les bêtes
sauront qu'on les met dans des plats
Quand les femmes mettront leur sang à la fenêtre
Et hissant leur calice à hauteur de leur maître
Quand elles diront " Bois en mémoire de moi"
Quand les oiseaux septembre
iront chasser les cons
Quand les mecs cravatés respireront quand même
Et qu'il se chantera dedans les hachélèmes
La messe du granit sur un autel béton
Quand les voteurs votant
se mettront tous d'accord
Sur une idée sur rien pour que l'horreur se taise
Même si pour la rime on sort la Marseillaise
Avec un foulard rouge et des gants de chez Dior
ALORS
NOUS IRONS REVEILLER
ALLENDE
Quand il y aura des
mots plus forts que les canons
Ceux qui tonnent déjà dans nos mémoires brèves
Quand les tyrans tireurs tireront sur nos rêves
A moins que de nos rêves se lève la moisson
Quand les tueurs gagés
crèveront dans la soie
Qu'ils soient Président ci ou Général de ça
Quand les voix socialistes chanteront leur partie
En mesure et partant vers d'autres galaxies
Quand les amants cassés
se casseront vraiment
Vers l'ailleurs d'autre part enfin et puis comment
Quand la fureur de vivre
aura battu son temps
Quand l'hiver de travers se croira au printemps
Quand de ce Capital
qu'on prend toujours pour Marx
On ne parlera plus que pour l'honneur du titre
Quand le Pape prendra ses évêques à la mitre
En leur disant : " Latin ! Porno ou non, je taxe "
Quand la
rumeur du temps cessera pour de bon
Quand le bleu relatif de la mer pâlira
Quand le temps relatif aussi s'évadera
De cette équation triste où le tiennent les cons
Qu'ils soient mathématiques avec Nobel ou non
C'est alors c'est alors que nous réveillerons
ALLENDE
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